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Le Couvent des Cordeliers

Les Cordeliers appartiennent au courant franciscain. Fondés par Saint François d’Assise (1181-1226), les franciscains sont le premier des Ordres mendiants, créés (1210) selon son fondateur en réaction envers les Ordres monastiques préexistants (bénédictins, cisterciens, chartreux…). Il était reproché à ces derniers de vivre sans contact avec les fidèles, dans des endroits isolés, et d’être trop préoccupés par leur survie matérielle (propriétaires terriens, voire même nobles). C’est la raison pour laquelle, les ordres mendiants sont essentiellement urbains, logés dans des bâtiments simples  et s’appliquant la pauvreté évangélique (d’où leur surnom de Cordeliers, car une simple corde se substituait au cuir trop onéreux d’une ceinture); tel est le cas des Cordeliers de Valréas.

 

Très rapidement (vers 1250), le Comte de Toulouse, souverain du Comtat, installe des franciscains à proximité de la ville (emplacement probable de la cave actuelle de La Gaillarde). En 1317, les papes succèdent aux Comtes de Toulouse comme souverains du Comtat, et en 1379, ils entreprennent de  protéger la ville par une puissante muraille. Grâce à des donations (terrains) les franciscains viennent s’y réfugier pour rester, entre autres, au plus près de la population. Leur nouveau site se trouve juste en face de l’ancien, en-deçà de la porte du Berteuil.

 

Ils ont probablement transporté le chœur initial en pierre (entrée actuelle du théâtre), seul luxe architectural, c'est-à-dire seule couverture maçonnée ; le reste de l’édifice est couvert en charpente reposant sur des arcs doubleaux : souci d’économie (pour consacrer l’argent aux œuvres charitables) et souci de rapidité. L’édifice est vaste car la population intramuros s’accroît rapidement et le clergé séculier commence à souffrir du manque de vocations. La nef n’est éclairée qu’au midi à cause du mistral qui rend impossible toute ouverture au nord.

 

Le parvis est encadré de deux tours carrées ; seuls les restes de celle du midi sont encore repérables ; un campanile « à l’italienne » est édifié au sud du chœur ; il sera rehaussé à plusieurs reprises pour lui donner sa silhouette actuelle (Renaissance : une rareté). La nef est elle aussi rehaussée, de même la façade (très lisible) ; les ouvertures du midi sont agrandies (luminosité) ; le mur nord de la nef est complété de chapelles latérales : corporations (ciseaux et fer à repasser de tailleur sculptés), funéraires. Le bénéfice généré par l’attribution de ces chapelles est largement destiné aux pauvres de la ville ; il en est de même des dons, nombreux, notamment ceux de la famille des Adhémar de Grignan, dont les armoiries ornent la nef à divers endroits.

 

Les autres parties du couvent ne se distinguent en rien des autres monastères : un grand cloître au midi (qui communique avec la rue par un vaste corridor orné d’un portail Renaissance), divers bâtiments conventuels (réfectoire, bibliothèque, dortoir…difficilement identifiables). Au-delà du premier cloître évoqué précédemment, présence d’un second de dimensions plus modestes (laïc, convers, Tiers-Ordre franciscain ?).

 

Une autre singularité réside toutefois dans ce premier cloître : si la partie nord a été très altérée (plus de couverture), les trois autres côtés présentent la rare particularité d’avoir un niveau supérieur formant galerie et dont les garde-corps se devinent dans les maçonneries qui obstruent les ouvertures de l’étage.

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C’est cet ensemble, église-cloître-campanile qui mériterait d’être mis en valeur en lui restituant son aspect initial, à défaut de sa destination improbable…

 

Pour conclure, il faut rappeler que Valréas a été pendant près de cinq siècles la capitale du nord du Comtat pontifical, et qu’à ce titre elle a attiré un grand nombre de personnes parmi lesquelles des indigents en quête de secours.

 

Si les Cordeliers ont été le premier ordre mendiant à leur venir en aide, ils n’ont pas été les seuls ; à leur suite, sont venus s’installer dans l’Enclave, des Capucins (branche franciscaine dissidente), des Dominicains, des Augustins (hôpital), des Antonins ; ils nous dévoilent la face cachée d’une Enclave, que les façades d’hôtels, les édifices religieux ont tendance à nous cacher…

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L'auteur du texte ci-dessus qui retrace l'histoire du Couvent des Cordeliers a également « relooké » un plan quasiment illisible, établi sous la Révolution en vue de la vente du site comme bien national. On peut donc accorder à ce plan une réelle fiabilité.


Parmi les changements notables depuis sa réalisation, il faut noter :
                      – la démolition du mur qui fermait le choeur sur l'extérieur (entrée actuelle du théâtre)
                      – la transformation de la Chapelle des Pénitents Noirs (ancien réfectoire des Franciscains) le long de la rue.

 

Légende :
           1 - Nef
           2 - Choeur
           3 – Chapelles latérales
           4 – Campanile
           5 – Parvis
           6 – Premier cloître
           7 – Galeries à deux niveaux
           8 – Second cloître
           9 – Chapelle des Pénitents Noirs
         10 – Passage couvert entre le cloître et la rue (portail Renaissance à l'est)

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